Quelques explications

Le livre des mutations est le canon du changement. Il ne m'a donc pas semblé trahir l'esprit du livre en définissant une nouvelle traduction/interprétation des lignes. La méthode employée a consisté à :

analyser chaque hexagramme sur le plan de la composition en lignes yin-yang et en trigrammes

examiner des traductions différentes du texte originel

examiner des interprétations variées

effectuer une synthèse critique

Ce travail s'est échelonné sur trois ans pour la rédaction proprement dite (mais onze ans de pratique effective). Ce raffraîchissement du texte me semblait nécessaire pour lever un certain nombre de difficultés : Quand on examine par exemple les interprétations de Kerson Huang comparées à celles de Wilhelm, on est parfois surpris par un écart important d'analyse. Le titre même des hexagramme diverge. Les traductions des lignes semblent seulement cousines.

Une autre difficulté est l'écart entre les symboles chinois et occidentaux. L'évocation de l'eau ne provoque pas les même résonances mentales. Sans chercher à gommer l'influence de Confucius, il nous a semblé également utile de supprimer les sentences trop moralisatrices qui sont juxtaposées sans talent au texte originel. Certaines d'entre elles semblent avoir été ajoutées dans une forme de guide pour fonctionnaire zélé. Le concept clef de certains hexagramme est souvent masqué.

Par exemple, le pouvoir de la foule dans l'hexagramme 59 (L'eau courante) est évoqué à demi mots. Pourtant, le texte donne une forme de légitimité à certaines révoltes, ce qui contraste avec l'habituel conformisme des remaniements confucéens. Fort heureusement, toutes ces difficultés peuvent être levées grâce à la rigoureuse logique de construction du yiking. Dans le doute sur la traduction d'une ligne, l'examen des trigrammes adjacents fournit en général la clef. C'est pourquoi j'ai ajouté une lecture technique aux habituels commentaires et jugements.